Togo 2019

Octobre 2019

L’idée est partie lors d’une rencontre musicale à Marcq-en-Baroeul réunissant l’orchestre Arcangelo dirigée par Anne-Christine Leuridan et le chœur Arte vocale dont Cyrille Agbobly fait partie. Ce dernier est président de l’association Grain de Sénevé, très active au Togo. En effet, elle accompagne les populations locales afin de trouver des solutions aux problèmes liés à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et intervient dans de nombreux domaines dont l’Hygiène, la Santé, et l’Education. Pourquoi « Au fil de l’eau » ? Les missions et objectifs de Grain de Sénevé étant tournés vers l’accès à l’eau potable, c’est un élément central du projet. De plus Music and Peace considère que c’est au fil du temps, des échanges et surtout grâce à la musique, langage universel, que des liens se créent et permettent de réunir les différentes cultures.

ORIGINES DU PROJET

Après deux voyages en Palestine, et trois ans d'échanges consécutifs avec les musiciens andalous de Tlemcen, l'association a ensuite choisi de revenir à ses premiers objectifs : initier et développer des rencontres à l'international par la musique en posant ses valises à Saint-Louis duSénégal.

À la suite de ce voyage enrichissant, l’association souhaite continuer sur sa lancée directionLomé au Togo via un projet dénommé « Au fil de l’eau ».

L’idée est partie lors d’une rencontre musicale à Marcq-en-Baroeul réunissant l’orchestre Arcangelo dirigée par Anne-Christine Leuridan et le chœur Arte vocale dont Cyrille Agbobly fait partie.

Ce dernier est président de l’association Grain de Sénevé, très active au Togo. En effet, elle accompagne les populations locales afin de trouver des solutions aux problèmes liés à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et intervient dans de nombreux domaines dont l’Hygiène, la Santé, et l’Education.

Pourquoi « Au fil de l’eau » ? Les missions et objectifs de Grain de Sénevé étant tournés vers l’accès à l’eau potable, c’est un élément central du projet. De plus Music and Peace considère que c’est au fil du temps, des échanges et surtout grâce à la musique, langage universel, que des liens se créent et permettent de réunir les différentes cultures.

En effet, l’association poursuit un objectif d’intérêt général, à travers les activités et missions suivantes:

- Proposer, organiser et participer à des échanges culturels ou éducatifs et plus particulièrement musicaux, en France et dans le monde.

- Proposer, organiser et participer à des projets de réinsertion par la musique en milieu carcéral. Ces projets en milieu carcéral poursuivent un objectif à la fois culturel, social et éducatif.

- Proposer, organiser et participer à des projets musicaux en milieu hospitalier.

- Proposer, organiser et participer à toute activité visant à utiliser la musique comme moyen d'apaisement, d'insertion et de communication

Le projet d'échange culturel et musical à Lomé au Togo vise à répondre aux objectifs fixés parles missions citées précédemment, grâce au réseau déjà développé par l’association Grain de Sénevé.

CONTEXTE DE PRODUCTION

Avant toute chose, voici quelques points sur le contexte culturel dans lequel le projet s'inscrit.

LA MUSIQUE TOGOLAISE

La musique Togolaise, comme celle d’autres pays d’Afrique de l’ouest, puise ses origines dans la pratique des griots, qui chantaient à la gloire des rois, étaient les gardiens de l’histoire d’une famille, d’un village, d’un clan. La musique a donc une place importante dans la transmission et l’histoire.
Traditionnellement, la musique est très présente dans les rites initiatiques; les griots composaient des musiques spécifiques pour célébrer la bravoure du jeune homme ou la pureté de la jeune femme, et elles étaient associées à de longues danses revêtant un fort caractère spirituel.

La musique et la danse sont également fondamentales dans les célébrations, qui marquent les moments importants d’une communauté : heureux événements, funérailles, lutte avec un autre clan (donnant lieu à des chants de réplique), faits divers marquants, sont mis en musique et peuvent donner lieu à des chants populaires qui se transmettent ensuite pendant des générations. La musique est donc chargée de l’histoire d’une communauté.

Les instruments traditionnels sont variés et diffèrent selon les régions du pays et les matériaux qu’on y trouvait (bois, métal, peaux de bêtes, corne, pierre) mais les percussions y ont une place prépondérante, liée au caractère très rythmique des musiques à danser. Une riche variété de tambours, tam-tams et gongs est complétée par plusieurs sortes de flûtes et d’olifants.
Depuis les années 2000, l’influence américaine a fait émerger le hip-hop et une génération d’artistes togolais s’est lancée dans les musiques urbaines (tels Eric MC, Wedy, Prince Mo) ; certains d’entre eux restent néanmoins influencés par les musiques traditionnelles, tels Kossi Ape’Son, Mic Flammez ou Amen Viana.

La pop américaine a aussi influencé d’autres artistes, qui ont développé l’Afropop en s’inspirant également des musiques de leurs voisins (Côte d’Ivoire, Ghana) ; la qualification du Togo pour la coupe du monde de football en Allemagne en 2006 a donné une nouvelle visibilité à cette mouvance, et a notamment permis au groupe togolais Toofan de conquérir l’Afrique.

LA VIE MUSICALE AU TOGO
L'ÉDUCATION MUSICALE AU TOGO

Au Togo la musique a toujours été présente dans la vie des populations sous plusieurs aspects et dans les circonstances les plus variées. Bien avant la colonisation, les Togolais tout comme les autres Africains transmettaient leurs connaissances musicales à leurs descendances par l’enculturation. Ce terme proposé par l’anthropologue américaine Margaret Mead est défini comme le processus par lequel un groupe transmet à l'enfant, dès sa naissance, des éléments culturels, normes et valeurs partagés.

Ainsi les enfants apprennent sans s’en rendre compte les chansons que fredonnent leurs mères quand elles vaquent aux occupations ménagères. Les célébrations de mariage, les rites religieux, les cérémonies funéraires sont entre autres les moments au cours desquels les Togolais transmettent leurs connaissances musicales à leur descendance.

Les griots sont les garants des chants traditionnels de plusieurs ethnies du Togo. Au nord et au centre du Togo, il existe des lignées authentiques de griots qui sont les dépositaires de l’histoire de leurs ethnies. Ils apprennent leur art oratoire et musical à leur descendance. Les griots dans ces parties du Togo utilisent généralement comme instrument de musique pour accompagner leurs chansons, le Tchimou (luth monocorde) ou le ngoni (instrument Malinké proche du Kora).

Les couvents vodou sont les premiers cadres d’enseignement structurés de la musique au Togo. Là, les initiés apprennent des chants religieux et l’utilisation des instruments de musique mystiques (le gon, le hochet...). Ce mode d’enseignement de la musique ne permet pas la diffusion de la connaissance musicale à la grande masse.

L’EDUCATION MUSICALE DANS LES ECOLES ET UNIVERSITES

Le contact des Togolais avec les premiers occidentaux a profondément bouleversé les habitudes musicales des populations. Les premiers missionnaires allemands ont introduit au XIXème siècle sur le territoire togolais leurs hymnes et chœurs ainsi que l’instrument de musique occidental : l’harmonium. Très vite, les missionnaires venus de Brême et de Bâle ont encouragé les « indigènes » à abandonner leur culture musicale « païenne » au profit de la leur. C’est ainsi que les premiers chrétiens togolais apprirent les chants et instruments de musique occidentaux.

La réforme de l’enseignement de 1975 prévoyait déjà l’introduction de la musique dans le système éducatif togolais. Tout comme l'éducation artistique et manuelle, l'éducation physique et sportive, l'économie familiale et l'initiation agricole, la musique a été ajoutée au programme afin qu’elle éveille le sens de la discipline par des exercices rythmiques et l'intelligence des apprenants.

Dans les faits, la musique ainsi que les autres nouvelles disciplines introduites dans le système éducatif sont considérées dans les collèges et lycées comme des matières facultatives sans réelle implication. Les contraintes liées à l’enseignement de la musique font que la discipline n’est pas enseignée dans toutes les écoles du secondaire au Togo. En effet, les établissements scolaires ne disposent ni d’instruments de musique ni de professeurs de musique qualifiés. Seules les écoles confessionnelles de la capitale (Collège Notre Dame des Apôtres –NDA- et le Collège protestant », sortent du lot.

Le contenu théorique de l’enseignement de la musique dans les écoles se limite à l’histoire occidentale de la musique. Le chant, la dictée musicale et le solfège constituent l’essentiel de la pratique musicale dans les écoles.

Malgré le manque d’équipements et d’enseignants, la musique est enseignée dans presque toutes les écoles du secondaire dans les chorales. Ces groupes sont généralement ouverts aux élèves volontaires et l’enseignement de la musique ne se fait pas forcément par des professionnels en la matière. Le rôle d’enseignant des chants est souvent dévolu à des professeurs d’autres disciplines mais qui ont développé une passion pour la musique.

Dans les deux universités publiques (celle de Lomé et celle de Kara) que compte le Togo, aucune ne dispose d’une filière ou un département dédié à l’enseignement de la musique. C’est ce qui explique en partie le manque d’enseignants de musique qualifiés. Les rares (environ une demie dizaine) que compte le pays ont été formés soit au Ghana voisin, soit en France ou en Allemagne.

La chorale Avenir est l’unique cadre d’enseignement de la musique à l’Université de Lomé. Seuls les meilleurs y ont accès. Elle est régulièrement sollicitée lors des célébrations à caractère national.

L’EDUCATION MUSICALE, LES STRUCTURES PRIVEES ET LES EGLISES

Le Togo ne dispose pas d’une véritable école de musique étatique. Cependant il existe des particuliers qui dispensent des cours de musique soit à leur domicile soit dans de petits centres de formation. Le plus représentatif de ces centres est « La belle mélodie ». Au début, son fondateur David Coquerel dispensait les cours à son domicile. Vu l’effectif de plus en plus croissant des apprenants, il a décidé de créer l’école en octobre 1992. Le piano, le saxophone, la guitare classique et moderne ainsi que le chant et le solfège sont les disciplines dispensées par l’école La Belle Mélodie {1}. Grâce à un partenariat signé avec le conservatoire d’Angoulême (France) l’école reçoit régulièrement des partitions et autres documents didactiques. Le conservatoire envoie au moins deux fois l’an un professeur de formation musicale et d’harmonie qui partage ses connaissances avec les jeunes apprenants de Lomé.

Depuis une dizaine d’années des organisations à but non lucratif investissent le terrain musical avec l’enseignement des instruments de musique et chants traditionnels. A Kpalimé, ville touristique située à 120 km de Lomé la capitale, l’association Carrefour international des randonneurs au Togo (CIR Togo) {2} propose depuis 2012 des stages en percussion et danses traditionnelles. Ses stagiaires sont généralement des étudiants occidentaux en fin de formation. En dehors de CIR Togo, l’association Ameeca {3} propose également des services similaires dans la même ville.

Les églises depuis l’époque coloniale contribuent de manière significative à l’éducation de la musique au Togo. Dans la quasi-totalité des églises, il y a une chorale qui enseigne essentiellement le chant.

Les églises presbytériennes se démarquent avec l’enseignement des cuivres (cor d'harmonie, trompette, Bugle, Euphonium, Trombone à coulisse...). De leur côté, les nouvelles églises dites charismatiques instaurent des groupes musicaux dans lesquels les membres apprennent la manipulation des instruments modernes comme le piano, la guitare ou encore la batterie.

LES DEFIS DE L’EDUCATION MUSICALE AU TOGO

La culture contribue de manière substantielle au PIB de plusieurs pays occidentaux et est pourvoyeuse d’emploi. Au Togo, elle est le parent pauvre du gouvernement. Le pays ne dispose pas de politique culturelle qui fera de l’enseignement de la musique un véritable métier. Le ministère togolais de la culture manque de dotation financière conséquente. C’est ce qui explique l’absence d’une véritable école de musique qui devrait former les professionnels de la musique.

« L’occidentalisation » poussée de la musique togolaise a pour conséquence l’abandon des musiques traditionnelles. Les instruments et chants traditionnelsne sont enseignés ni dans les établissements scolaires ni à La Belle Mélodie, la seule école musicale du pays. Pour y remédier, un travail de recherche sur ces richesses culturelles qui définissent l’identité des Togolais s’avère indispensable. Ce sont les résultats de ces travaux qui devront être enseignés dans les écoles de musique aux côtés de la musique occidentale.

PROBLEMATIQUES

Notre projet tente de répondre à certaines problématiques culturelles actuelles qui nous importent.
Comment créer des passerelles entre les cultures ? Comment permettre aux cultures, aux musiques traditionnelles d'être mieux valorisées dans leurs pays tout en ayant une visée internationale ?

La survie d'une culture dépend de sa capacité à s'adapter. S'adapter, c’est s'ouvrir aux autres traditions et autres courants novateurs ; et accepter les changements possibles.

Dans ce cadre, comment peut-on proposer une rencontre pertinente entre musique dite classique et cultures Togolaises ? Comment peut-on s'influencer sans imposer ? Comment créer un enrichissement humain, social et musical mutuel ?

C'est à travers ces différentes problématiques que notre association propose un projet construit aux objectifs précis.

OBJECTIFS

Ce projet permettra de mettre en valeur les actions internationales de la région des hauts de France en impliquant des acteurs culturels de cette région (l'association et tous ses membres y sont implantés et impliqués professionnellement).

D'autre part ce projet n'a pas pour but une action ponctuelle mais souhaite s'inscrire dans la pérennité en créant des liens professionnels et humains sur lesquels un travail musical et artistique peut être envisagé.

La coopération artistique et financière sera donc la base de la construction de l'échange. Le projet sera monté en collaboration avec l'institut français et les associations.

LE PROJET

Le projet, d'une durée de 8 jours, aura lieu en octobre et novembre 2019, permettant ainsi de combiner vacances scolaires pour la ville de Lille et rentrée scolaire pour la ville de Lomé
Il se développera en trois axes :

LES ACTIONS EDUCATIVES

Parmi les divers objectifs de l'association, l'action éducative représente une part importante. Lomé dispose d'une école de musique " La Belle Mélodie" et d'une école de chant.

Des contacts ont été établis avec ces deux organismes afin d'évaluer leurs besoins et demandes et comment notre association peut leur venir en aide.

Parmi nos membres, plusieurs ont des compétences vocales, aussi notre venue pourrait être l'occasion de proposer les activités suivantes :

- Travail de chœur à l'école de musique avec les enfants et les adultes

- Animation chorale dans les écoles, associée aux présentations d'instruments

- Conférence au conservatoire ou à l'université sur la voix lyrique

- Initiation vocale, cours de chant auprès des volontaires.

- Concert de restitution accompagné par les musiciens de l'orchestre

LES ACTIONS DE SENSIBILISATION

Parmi les missions que s'est fixée l'association, figurent les actions à destination des publics empêchés, c'est-à-dire les publics ne pouvant se déplacer dans les salles de concert ou n'ayant pas les moyens d'accéder à une éducation culturelle.

Ces actions seront mises en place dans les écoles primaires de la ville de Lomé et dans les villages éloignés qui ne bénéficient d’aucune animation culturelle.

Pour ce type d'action les musiciens de Music and Peace privilégient de courts concerts en petit groupe (par exemple quatuor à cordes), encadrés par une médiation et/ou une participation du public, facilitant l'approche et la découverte musicale.

Les objectifs sont les suivants : Faire découvrir le répertoire classique et ses instruments, faire de ce moment une expérience musicale sous forme de partage et permettre de mettre les problèmes quotidiens du public de côté.

Voici une liste des écoles qui seraient intéressées par une intervention de Music and Peace :

- Ecole Prospérité à Lomé, Tokoin Novissi.

- Ecole primaire d’Avépozo

- Ecole primaire de Baguida

- Ecole primaire de Yopé-Tsiviépé

- Ecole primaire de Badjénopé

- Ecole primaire d’Akata-Agamé

- Ecole primaire de Kovié

LES CONCERTS

L'association souhaite proposer différents concerts en cohérence avec les structures culturelles de Lomé

Les objectifs de ce travail seront de réussir à fusionner intelligemment des cultures et esthétiques musicales différentes. Lors de ses précédents projets, l'association avait réussi le pari de proposer plusieurs concerts « fusion » avec un ensemble de musique andalouse originaire d’Algérie. Tout en s'attachant à obtenir un rendu de qualité, il appartient de montrer, lors de ce travail et concert, qu'aucune culture n'est fermée sur elle-même et que leur enrichissement se fait au fil des rencontres.

Enfin, un concert par les musiciens de Music and Peace, proposant une programmation uniquement classique pourra être envisagée à l'institut français de Lomé, par exemple au début du séjour.

Pérennité du Projet

Garder contact et continuer à monter des projets communs avec les musiciens rencontrés, fait partie des objectifs de l'association.

Notre mission peut aussi être vue comme initiatrice d'échanges et de rencontres artistiques.

Être pionnier de projets et de rencontres artistiques se développant, en autonomie, à la suite de ce premier échange fait partie des objectifs pour pérenniser les actions de l'association.